ANDREA SEMO / Finaliste

Âge : 23 ans
Projet : Départ-toi (danse)


Peux-tu nous résumer en trois lignes le projet que tu portes ?
C’est un solo qui tente d’exprimer la nécessité de créer. Le passage à l’acte. Être seule sur scène, faire un mouvement. Mais aussi chez soi, dans la vie, décider et prendre un autre chemin. Qu’est-ce qui motive un choix personnel au-delà de notre héritage familial et social ? Qu’est ce qui nous porte profondément ? C’est comme un parcours initiatique, retraçant les étapes de la vie à franchir pour finalement ne plus se soucier de l’image qu’on pensait donner de soi-même.

Pourquoi as-tu décidé de te lancer dans l’aventure Propulsion ? Quel a été le déclencheur ?
Je rentre de deux ans et demi passé au Burkina Faso, dans le cadre d’une formation en danse contemporaine. Quand la fin de la formation approchait, j’ai eu très peur de la suite, de mon retour en France. Qu’est-ce que j’allais faire et dans quel sens est-ce que j’allais orienter ma vie et ma danse ? Nous avons eu la possibilité de présenter de petits travaux en guise de fin de formation, où je mettais en mouvement cette crainte du retour et de la suite. J’ai senti que j’avais besoin de créer quelque chose pour moi, là-bas, avant de revenir ici. Je ne pensais qu’à ça, arriver à faire un solo. Et puis, un jour, j’ai vu la pub pour le Tremplin. Je l’ai beaucoup vu en fait ! Des proches depuis Paris me l’envoyaient et m’encourageaient … sans savoir que je travaillais sur une forme à présenter. Alors, j’ai candidaté depuis Ouagadougou. Et ça m’a rassuré de penser que je pourrais continuer à travailler ce solo une fois partie. Me donner les moyens de faire un lien entre ici et là-bas. Là-bas et ici… ça dépend ! Ne pas mettre mon expérience du voyage entre parenthèses sous prétexte que je devais rentrer, mais au contraire lui donner la possibilité de prendre un nouveau départ. Je crois que ça a été ça le déclencheur pour Propulsion : Mon Retour !

Quelles sont tes principales sources d’inspiration dans ton art (artistes, univers…) ?
A travers la danse, j’aime observer les gens et ce qu’ils perçoivent de notre monde. Quelles fenêtres ouvrent-ils sur des sensibilités communes ? Que reste-t-il de ces moments partagés entre un corps et des regards ?
Je crois que l’art peut être politique dans la mesure où il est vivant, et qu’il donne une lecture, un angle ou une couleur, de la réalité évoquée par l’artiste. Cet engagement qui emporte le corps pour les danseurs me touche, et je suis admirative de ceux qui arrivent à tracer une ligne entre leur expérience de vie et la scène. Cela peut sembler logique a priori mais ça n’est l’était pas forcément pour moi. Au moment où je voulais me former en danse contemporaine, je ne me retrouvais pas dans certaines énergies, que je devais appréhender au travers d’une technique, d’une époque ou d’un miroir. Pareil pour certains spectacles ou j’avais besoin de lire et relire cinq fois le résumé de la pièce pour me persuader que j’avais ressenti quelque chose.
Je me suis intéressée à des formes dites  » traditionnelles » de la danse, où la culture et le réel se mélangent dans l’action du corps. Les notions de cérémonie et de rituel, par exemple, sont des états de corps qui m’intriguent et m’intéressent beaucoup.
En termes de contemporanéité, je dirais que c’est le témoignage d’une énergie et d’un besoin de folie dans l’instant qui m’inspirent chez les artistes.
Actuellement, je m’intéresse au travail de certains chorégraphes comme Salia Sanou, Serge Aimé Coulibaly, Seydou Boro, ainsi qu’Auguste Ouedraogo et Bienvenue Bazié qui ont initié depuis plus de dix ans un événement dédié aux femmes chorégraphes sur le continent africain. Pour ceux qui ont marqué ma curiosité, qui m’inspirent dans le temps et dont je trouve encore l’œuvre très actuelle, je pourrais citer parmi d’autres Pina Bauch, Carolyn Carlson et Yano Hideyuki. Au niveau de la musique, Mozart, Fela Kutti, et Miles Davis… Mais il n’est pas possible de citer quelques artistes seulement !
Les projets artistiques pluridisciplinaires entre amateurs et professionnels m’intéressent et sont pour moi une inspiration pour le corps et l’esprit que je trouve juste dans l’idée que je me fais du social et par rapport aux problématiques du monde d’aujourd’hui.

Peux-tu te définir en cinq adjectifs ?
Non j’ai du mal à répondre ….
Je pourrais dire en général : curieuse, énergique, empathique, anxieuse, et un peu drôle mais ça ne me plaît pas trop.

Que représente pour toi le 20e arrondissement ?
C’est Mon quartier depuis toujours. Son organisation m’a permis de danser pour les premières fois dans l’espace public, sous la bienveillance du public, content et actif de voir son quotidien bousculé.
C’est un exemple de cohabitation qui me rassure par rapport aux excès communautaristes. Le 20e est une réelle plateforme ouverte à l’art et à la création qui créent du lien social, accessible à tous.

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